Nous arrivons vers 22h à Tokyo, la soirée est déjà bien entamée. Aussi rentrons-nous chacun de notre côté, sans passer par la case « bar ».
A l’hostel, je retrouve Raffael et Indah. Et je fais la connaissance de deux japonais : Totsuru et Kenzo. Le premier effectue une sorte de formation dans l’hostel, et après son service, boit des bières avec son pote Kenzo. Autour de la guitare, et de quelques Asahi, nous sympathisons avec Totsuru. Kenzo de son côté discute avec Yuka, une japonaise, qui ne parle pas très bien anglais.
Totsuru l’encourage à discuter avec moi, car cette dernière souhaite progresser dans le domaine. Il est déjà minuit. Totsuru et Kenzo vont alors boire d’autres bières (je suppose). Avec l’aide de Google Translate, nous parvenons à discuter avec Yuka pendant deux bonnes heures. Je dicte mes phrases en Anglais, elle dicte ses phrases en Japonais, ce qui confère un côté surréaliste et laborieux mais amusant à la conversation.
J’adore entendre parler Japonais, notamment les femmes, qui ont une voix à la fois douce et déterminée. Qui plus est, Yuka est particulièrement expressive, nerveuse de parler anglais ou de ne pas comprendre, et ses efforts sont touchants.
Kenzo nous rejoint ensuite pour deux heures supplémentaires. Le Japonais (la langue) prend quelque peu le dessus, et je décroche de la discussion. Je parviens toutefois à comprendre que Yuka aime les buffets (« all you can eat »), et que cette dernière a passé 6 heures à manger – avec quelques pauses – aujourd’hui. Une dernière cigarette avec Kenzo et me voilà couché à 4h du matin.
Je retrouve mes comparses Japonais le lendemain, et nous décidons d’aller faire un buffet pour célébrer cette nouvelle journée.
Après un fail autour d’un buffet barbecue (mon rêve !), nous débauchons Indah et Raffael, et nous voilà partis pour Ueno, à trois stations d’Asakusa, pour un buffet Japonais.
Au menu, tranches de poisson, viande panée, curry, poulpe et diverses salades.
Nous avons 45 minutes pour manger ce que nous voulons. Le premier round, les assiettes de chacun sont bien remplies. Mon honneur de bon vivant est en jeu, il faut leur montrer comment on mange en France :
Round n°1
Las, Yuka, qui doit bien peser pas plus de 40 kgs toute habillée, enchaîne les rounds, et me renvoie dans les cordes. J’ai du mal à déglutir mes dernières tranches de sashimis tandis que Yuka ne montre aucun signe de faiblesse. Seule l’expiration des 45 minutes sonnera le glas des hostilités, et nous la voyons déçue de ne pas avoir terminé son assiette – voire embarrassée :
H-2 minutes
H+10 minutes
Heureux de notre repas, nous entamons une balade digestive nécessaire dans le quartier d’Ueno, qui sera l’occasion d’une rencontre avec l’homme invisible :
Puis dans le parc :
Retour au bercail, et je file avec Indah à Shinjuku, où elle doit prendre un train, et où je dois retrouver Fred.
Bye Indah !
Je passe par un BIC Caméra (chaîne de grands magasins électronique), et après 2 semaines de tergiversations, mon côté acheteur compulsif (cf. Miyajima) prend le dessus, et je fais l’acquisition d’un drone … dans ce quartier, partout des gratte-ciel :
Puis, après avoir retrouve Fred, nous nous dirigeons vers l’observatoire de la mairie de Tokyo (Tokyo Metropolitan Government Building). A noter qui plus est que l’ascension est gratuite !
Le soleil se couche doucement, et la vue est à couper le souffle. Malgré les reflets sur la vitre, les photos donnent un aperçu assez réaliste de la vue de rêve. Nous restons la pendant une heure à prendre des photos, et tenter de filmer un time lapse.
Voici le mien :
Le panorama de nuit est à couper le souffle :
En descendant, l’architecture du bâtiment est elle aussi magnifique, toutes en courbures et en gratte-ciel :
La tête (et la carte SD) pleine de beaux points de vue nocturnes, le gosier demande à être rempli.
C’est chose faite avec un Katsudon au curry, puis quelques highballs au Hub de Shinjuku, une chaîne de pub anglais.
Nous y rencontrons deux jeunes Japonais, qui nous défient au poker indien. Jamais entendu parler avant. Il s’agit de piocher une carte, se la mettre sur la front sans la regarder de telle sorte que les autres joueurs puissent être seuls à la voir, choisir de piocher une autre carte ou non en fonction des réactions des autres, et prier les kamis d’avoir la carte la plus élevée.
On se dit : « ça sent l’arnaque, ils font ça à tous les touristes » (il y a un verre à la clé …).
Mais non, on remporte la partie 2 à 0 … et hop un autre highball.
À côté de nous, un Japonais sans doute un peu trop festif, tombe de sa chaise à la renverse. Cela ne semble perturber que les personnes attablées avec lui, et encore. Un mercredi soir classique sans doute. Et finalement, assez peu de touristes dans ce pub.
Je rentre à l’hostel vers minuit (on ne rigole pas avec les horaires de metro à Tokyo, les rames finissent de circuler assez tôt).
Le lendemain, tard dans la matinée, je retrouve Yuka pour une balade autour de la Skytree Tower :
Toujours aussi incroyable cette tour
Puis dans le mall (centre commercial) qui y est rattaché. Et que fait-on avec Yuka ? On mange pardi !
Un excellent food court se trouve à l’intérieur du mall, l’occasion de piocher parmi les spécialités : du kimchi, des sashimis, des sushis, et des dumplings (raviolis vapeur). Il est déjà 16 heures, le soleil décline doucement :
Après un bon repas, une bonne glace pour « digérer »
Asakusa est un quartier de Tokyo qui ne paye pas de mine comme ça, mais il est vraiment très agréable.
Je termine la soirée de mon côté dans le vieux Asakusa et vais me coucher tôt, une fois n’est pas coutume, fatigué par ce début de semaine aux couchers tardifs.
Transfert de bagages le lendemain dans une sorte d’hôtel capsule. Je suis chargé comme une mule, et dois tout d’abord procéder à un arrêt à la poste japonaise, pour me débarrasser de 5kgs d’objets divers.
J’arrive dans le quartier d’affaires d’Akasaka. Changement d’ambiance, des costumes partout. Les travailleurs sont dans la rue à la recherche de quoi se sustenter. Je fais tâche avec mon t-shirt au restaurant Thaï qui se trouve à côté de l’hôtel. La douche devra attendre le check-in officiel, la seule chose qui m’ait été autorisée étant de déposer mon gros sac à dos.
Séquence émotion solitaire en face de mon Pad Thaï (souvenirs de Bangkok), puis retour à l’hôtel.
Je découvre ma capsule / cellule :
Couleurs rouges, tapis jaguar, un hôtel assez luxe finalement !
On s’habitue sans doute rapidement à un certain manque de confort, car je trouve la capsule géniale. Il y a une TV à l’intérieur, et elle se ferme complètement :
J’ai la télé dans ma chambre !
Déterminé à profiter de ces 3 derniers jours à Tokyo, je commence l’après midi par la visite du quartier fashion d’Harajuku.
Les grandes marques côtoient des stylistes, plus ou moins réputés.
Assez fan de cette veste. Difficile à porter toutefois …
Je rentre dans la boutique « comme des garçons », et je me sens comme Julia Roberts dans Beverly Hills (enfin, j’me comprends). Plutôt comme Julia Roberts devant ses escargots. Un T-Shirt ici coûte 300€. Hum …
Puis je me rends à pied au parc de Yoyogi, qui abrite le sanctuaire Meiji Jingu. Ce sanctuaire fut achevé en 1920 en l’honneur de l’empereur Meiji (1852-1912) et de son épouse, l’impératrice Shôken (1849-1914). Le parc boisé qui entoure le sanctuaire est constitué de plus de cent mille arbres envoyés par les habitants du pays tout entier afin d’honorer la mémoire de l’empereur.
Le soleil transperce avec bienveillance la canopée en cette fin d’après-midi :
Une heure après, à la faveur d’espaces verts assez étendus, j’y retrouve Fred pour tester mon drone.
Le premier vol n’est pas une franche réussite. Le drone clignote et la télécommande sonne de partout …
Sur le chemin du retour, nous passons par Shibuya Crossing, ce très célèbre passage piéton qui voit s’entrecroiser chaque jour (parfois plus de 2000 personnes qui traversent en même temps) :
La marque L’occitane est si connue au Japon, qu’elle a droit à son café, au même titre que Kitty
Spectacle urbain à part, il y a une certaine poésie dans ce croisement de destinées, comme une infinité de possibles, une masse de connaissances et d’expériences qui ne s’échangeront sans doute jamais, mais peut-être quelques rencontres furtives comme celle que nous avons avec deux japonaises qui nous entendent parler français :
Second passage obligé à Shibuya, la statue du chien Hachiko. Tout le monde se prend en photo devant, mais pourquoi donc ?
Âmes sensibles, ne pas lire cette histoire triste à mourir. Hachiko, donc, accompagnait chaque jour son maître Eisabura Ueno à la gare de Shibuya. Le chien revenait le soir et l’attendait sagement ici après sa journée de travail pour rentrer ensemble. Le 21/05/1925, le maître ne reviendra pas, foudroyé par une crise cardiaque. Mais le canidé continuera pendant 9 ans à faire le trajet chaque jour jusqu’à sa mort :
Voilà, vous pouvez désormais jeter votre mouchoir humide à la poubelle
Après un bref passage chacun chez soi pour se changer, je retrouve mon ami québécois a Roppongi, lieu tristement célèbre pour ses boîtes remplis de touristes, dont nous faisons partie.
Les rabatteurs nous abordent régulièrement, faisant toujours preuve de plus d’inventivité dans leur approche :
« Hello gentleman, tits and beer ? »
« Titty bar guys ? »
Curieusement, nous passons dans 4 bars pourtant recommandés fréquemment sur Internet, mais seul le Geronimo bénéficie d’une ambiance digne de ce nom.
Un nouveau jour se lève. Sur les environs de 11h, je suis excité à l’idée de faire voler le drone du côté du Palais impérial mais je me fais vite recarder par un agent de sécurité, qui me refuse l’entrée du fait de cet engin volant … la journée commence parfaitement (j’avoue, j’ai été un peu naïf sur ce coup là)
Je me rabats sur le parc Gyoen. Il fait beau, et le parc est rempli de pique-niqueurs, de mascottes et d’animaux géants en peluche en ce samedi midi :
En guise de déjeuner, j’obéis aux lois du commerce en échangeant quelques yens contre un bento en bois :
Et m’étale sur la pelouse, ma musique dans les oreilles. Un groupe s’installe à quelques mètres de moi, et une femme s’approche pour prendre des photos du groupe. Impossible de savoir si je la gêne, ou si elle souhaite que je sois sur les photos. Elle finit même par me jeter un cookie. J’ai l’impression d’être un singe ! (Mais je mange le cookie avec dignité)
En me baladant dans le parc, j’aperçois des grosses boules végétales rouges :
Puis arpente une allée qui me paraît être un terrain idéal pour faire voler Bruce (le nouveau nom du drone, hommage à peine « masqué » au superhéros à la voix la plus grave du marché)
Cette fois, Bruce décolle, mais n’a pas l’air très stable. En le faisant atterrir, je ne passe pas loin du délit de décapitation sans préméditation … le message est clair, je dois vraiment faire ces updates … De toute façon, le ciel se fait menaçant :
Il est 15 heures, et je décide de partir pour Odaiba, un quartier hyper moderne au sud de Tokyo, accessible en metro électrique.
Encore une fois, je me prends une gentille mandale visuelle :
Vue du train
Architecture futuriste à Odaiba
Siège de la chaîne de télévision Fuji TV : Bâtiment caractéristique d’Odaiba
Le point de vue sur le centre de Tokyo est magique :
Je me promène un peu plus loin, et resté bouche bée devant ce panneau pour le moins inattendu :
Alors, d’accord la bière allemande est bonne, mais … 25€ le litre de bière, est ce bien raisonnable ?
Toutefois hilare de voir un tel événement au Japon, je me régale (avec les yeux) :
Mais un événement insolite peut en cacher un autre, à quelques centaines de mètres, j’assiste à un concert un peu particulier :
Spice Girls 20 ans après … ou Jeux Sans Frontières ?
Je souhaite ensuite me rendre au centre commercial « Venus Fort », décoré façon Venise a l’intérieur.
Avant cela, passage par une mini ville en carton reconstituée par Toyota, qui abrite de belles voitures de collection, toutes marques confondues :
Arrivé dans le mall, summum du kitsch, lumière tamisée, amusé, je parcours les rues de cet ersatz vénitien :
En fin de shopping non productif, je me retrouve devant la grande roue, qui me permettra d’avoir des points de vue fabuleux au coucher du soleil :
Du haut de mon manège, j’aperçois un grand espace vert. Une fois en bas, dans un élan de folie, je sors Bruce de sa tanière. Une fois à deux mètres du sol, il bouge tout seul, et assez vite. « Tour de contrôle, je dois poser l’engin en catastrophe, évacuez Odaiba ! »
Allez, cette fois c’est décidé, je vais vraiment faire les updates requis …
Petit passage par la salle d’arcade attenante :
Il fait nuit et je fais un détour par la Tokyo Tower, librement inspirée de notre chère Tour Eiffel :
Des carpes sont accrochées, et je me rappelle que Yuka m’avait expliqué que c’était la période de « Children’s day ». L’époque de l’année où on accroche des carpes, en l’honneur des petits garçons (puis plus récemment des enfants tous sexes confondus …). Au Japon et dans d’autres pays d’Asie, la carpe est le symbole de la détermination et de la force, une légende chinoise faisant mention du fait que la carpe qui navigue à contre courant devient un dragon). La façon dont les « drapeaux carpe » volent dans l’air font également penser qu’elles sont en train de nager.
En fin de soirée, je retrouve Fred pour un dernier repas nocturne au Japon. Restaurant du monde que je recommande fortement, le serveur était adorable et nous avons particulièrement bien mangé :
Un bon Green Curry !
Ces 2 photos sont les seuls indices dont je dispose pour retrouver le nom du restaurant, oublié lui aussi …
Puis trajet de retour dans nos appartements respectifs (je suis toujours logé dans ma capsule de luxe).
Je dis au revoir à Fred, qui repart au Québec le lendemain.
Et j’ai décidément bien du mal à rentrer en fin de compte. Je passe bien deux heures à errer dans le quartier d’Akasaka où je réside, déjà nostalgique du bon temps passé au Japon. Je me fais alpaguer tous les quarts d’heure par de probables hôtesses douteuses, qui me proposent des « massagou » (il est 2h du matin) que je refuse poliment. Je me résous à me coucher afin de profiter de cette dernière journée.
Visite du quartier huppé de Ginza :
Une queue 100% féminine
Je rentre dans le grand magasin Mitsukoshi. Le second sous-sol est réputé pour ses friandises sucrées et salées. Je me revois aux Galeries Lafayette Gourmet, émerveillé par toutes ces douceurs.
Je me décide pour un smoothie excellentissime, ainsi qu’un mini bento avec du saumon et des onigiris :
Deuxième stop chez Ito Ya, papeterie de référence à Tokyo. L’ambiance de la boutique est très particulière. De beaux produits dans une atmosphère épurée :
Au sous-sol, je suis séduit par la beauté simple des tissus exposés ça et là :
Passage ensuite au Parc Ueno, ou nous étions seulement passés en coup de vent il y a quelques jours avec mes amis gros mangeurs.
Une balade encore une fois magnifique :
J’entends au loin une musique étrange, et me dirige naturellement vers son origine. Je tombe sur une sorte de danse traditionnelle :
Je visite le Togoshu Shrine, non sans m’être « purifié » au préalable :
Et avoir tiré ma bonne fortune :
Le temple doré – Togoshu Shrine donc – est incroyable. Inspiré du style des temples de Nikko (cela se voit notamment sur la pagode), ce sanctuaire aurait été décoré selon la volonté du petit-fils (Iemitsu Tokugawa) du premier shogun, Ieyasu.
Des sculptures fines et délicates partout sur le mur (Sukibei Wall) entourant le sanctuaire
Je termine la balade par de petites allées charmantes sur les bords du lac du parc de Ueno :
Non loin du parc se trouve le quartier de Nezu, que je rejoins toujours à pied. Petites ruelles et boutiques au doux parfum de nostalgie :
Et un dernier Shrine :
Ce mot simple, aperçu dans le temple, qui m’a touché, revêt d’autant plus de sens aujourd’hui, avec ce qui s’est passé à Manchester hier
La mort dans l’âme, il est déjà temps de rejoindre l’aéroport de Tokyo Haneda :
J’y fais la rencontre de Bizy, un allemand qui se rend à Bali pour – seulement ! – une dizaine de jours de vacances après 4 jours à Tokyo. Nous achetons nos derniers souvenirs, et dînons ensemble avant de rejoindre nos places dans l’avion.
Bye bye Japan, I love you !
#Manchester
Aucun commentaire