Cet article fait partie d’une série de 5 articles relatant un voyage de 3 semaines en Argentine / Bolivie.
Jour 16
Arrivés sur le tarmac, la température s’est un peu rafraîchie. Les yeux collés, nous faisons de la marche rapide vers la sortie, après un passage à l’immigration, et prenons un taxi dans l’espoir de prolonger notre nuit aussi tôt que possible.
Par chance, le Viamonte Hôtel – qu’on avait prévenu en descendant de l’avion – nous annonce que notre appartement est déjà prêt ! Nous prenons un bon petit déjeuner copieux au préalable et nous fermons les yeux sans demander notre reste jusque 13h.
L’estomac encore à moitié plein, nous nous rendons dans une pizzeria italienne bien connue : Güerinn. De nombreuses personnes – touristes mais surtout sans doute des travailleurs venus faire leur pause déjeuner – y font la queue pour s’asseoir à une table, ou bien manger sur le pouce, debout, sur des tables disposées à cet effet dans l’entrée de la pizzeria.
Assis à notre table, un rapide coup d’œil autour de nous nous donne l’eau à la bouche. Les pizzas ont l’air divines. Et effectivement, elles le sont plutôt. Les empanadas sont en revanche un peu décevants. L’ambiance brasserie italienne est quant à elle bien réussie.
Puis, sortis de cette petite Italie, cette fois, nous ne ratons pas la librairie Ateneo Splendid, qui s’est installée dans un théâtre. Moulures, scène, tout y est. Des lecteurs se posent même avec leurs livres dans les balcons disposés autour de la scène.
Nous visitons à pied le quartier, passons devant le Teatro Colón, une salle d’Opéra, réputée pour être une des meilleures du monde sur un plan acoustique, régulièrement comparé à la Scala de Milan ou à l’Opera de Paris. L’extérieur est quant à lui plus morose.
A quelques rues de là, charmante surprise que la Plaza Lavalle, avec ses grands espaces verts, sa tour vitrée, et ses bâtiments plus anciens. Un couple y boit un maté assis sur l’herbe. Cette boisson est décidément partout en Argentine, il n’est pas rare de voir des gens avec leur thermos et leur calebasse dans la rue.
Halte ensuite au café Gato Negro, salon de thé au charme désuet, qui propose ses thés et ses épices en vrac, et de charmantes petites boites à l’effigie du café.
Enfin, le soleil couché, nous nous rendons dans un restaurant nippo-péruvien : Tataki.
La lecture des consignes de sécurité à Buenos Aires sur le site France Diplomatie ne nous rassure pas vraiment sur les balades nocturnes dans le centre ville, et en partie dans notre quartier pourtant central. Et une fois arrivés dans le restaurant, la serveuse ferme la porte à clef derrière nous, rassurant …
Nous invitons à notre table sashimis, sushis, gyozas et ceviche. Ce dernier est délicieux, et bien copieux, comme toutes les portions en Argentine en général.
Nous passons une tête au club El Beso, dans l’espoir d’y voir une milonga. En passant la porte, nous voyons bien des gens qui dansent le tango, mais cela ressemble plus à un bal qu’autre chose et nous ne faisons pas de vieux os.
Nous trouvons le réconfort chez Heladería Cadore le temps d’une glace et d’une petite discussion improvisée sur un canapé, avant d’aller se coucher morts de fatigue.
Jour 17
Direction La Boca ce matin, quartier bien connu de Buenos Aires, notamment des touristes. Mais c’est un incontournable !
Un Walking Tour est prévu à 11h, et le principe est de se rendre au point de rendez vous à l’heure dite, et de suivre le guide. L’un est hispanophone, l’autre est anglophone. Malgré presque 3 semaines de pratique « intensive » de l’espagnol, nous suivons notre guide américain, diplômé en histoire d’Amérique du Sud, pendant deux heures à travers les rues de ce quartier.
La visite est passionnante, et on sent que l’ordre de chaque étape a été réfléchi, car elles s’enchaînent logiquement.
Premier arrêt : le port. Tout part de là, car La Boca est un quartier d’immigrés, et tous les immigrés arrivaient par … le port évidemment !
L’Argentine est une terre d’immigration, et elle a accueilli de nombreux Italiens, des Espagnols évidemment, mais de manière moins évidente des Russes, des Anglais (qui ont construit le port et le métro), des Arméniens (l’Argentine a été l’un des rares pays à reconnaître rapidement le génocide), et des Juifs (d’après le guide, le seul MacDo casher en dehors d’Israël se trouverait à Buenos Aires).
Selon le proverbe : « Les Mexicains descendent des Aztèques, Les Péruviens descendent des Incas, et les Argentins descendent… des bateaux ! »
Parmi ces immigrés, un Italien du nom de Benito Quinquela Martin, qui va marquer le quartier de son empreinte. Orphelin, ce dernier est adopté par un couple d’immigrés italiens. Il travaille au port mais il veut être artiste. Et c’est lui qui va caresser le rêve de colorer le quartier. Rêve qui deviendra ensuite réalité.
Nous allons ensuite dans la rue commerçante (comprendre « touristique »). Il y a non seulement des rabatteurs devant les restaurants, mais aussi des gens en tenue de danse old school, venus effectuer quelques pas pour promouvoir des spectacles ou pour vendre des photos souvenirs en charmante compagnie.
C’est ici que le tango est né. A la base, cette danse était surtout dansée entre hommes. Un fort déséquilibre entre hommes et femmes à l’immigration explique cela, et le tango est alors une danse d’immigrés provocante et nostalgique mal vue par les quartiers plus riches.
C’est un immigré d’origine toulousaine, Carlos Gardel, qui contribuera à donner ses lettres de noblesse à cette danse, en chantant sur cette musique.
On en apprend ensuite un peu plus sur les conditions de vie précaires dans lesquelles les immigrés vivaient. Attirés par un pays qui promettait du travail et des richesses, un changement de direction politique beaucoup moins favorable conduit les immigrés à vivre entassés, et à utiliser les matériaux trouvés au port pour se constituer un toit.
Les maladies et les incendies y sont très fréquents. On s’éclaire alors à la bougie, et les casernes de pompiers les plus proches situées à San Telmo ne se déplacent pas lorsque cela arrive. Les habitants du quartier s’organisent pour combattre les flammes, et les pompiers bénévoles ont droit à leur mur hommage :
On trouve pas mal de street art dans ces rues, et une autre fresque impressionnante fait référence à la dictature militaire argentine entre 1976 et 1983, aux « desaparecidos » (disparus) de La Boca, et aux mères qui pleurent leurs enfants et protestent.
Elle a fait près de 30 000 « disparus », 15 000 fusillés, 9 000 prisonniers politiques, et 1,5 million d’exilés pour 32 millions d’habitants. Et au moins 500 bébés enlevés aux parents disparus, et élevés par des familles proches du pouvoir (on n’est pas très loin de la servante écarlate …)
Nous terminons la visite sur une note plus légère, à côté du stade de La Boca (« La Bombonera »), que l’équipe des Boca Juniors s’est disputé un temps avec leurs éternels rivaux de River Plate qui s’affrontent désormais à l’occasion d’un superclásico.
On ne rigole pas avec le foot ici, et la main de Dieu (pour rappel : Maradona) n’y est pas innocente.
Après la visite, nous déjeunons dans un des restaurants de la rue principale : Encuentro Nativo.
On se croirait à Montmartre. Un couple de danseurs échange des regards langoureux forcés, et croisent les jambes au rythme du tango pendant que nous commandons à déjeuner. Et deux chansons après, c’est un homme plus âgé qui pousse la chansonnette (Guantanamera) avec sa guitare, et harangue les touristes que nous sommes tandis que nous dégustons nos calamars et nos pâtes.
Le couple qui vient de danser devant nous tente également de nous parler, leur chapeau à portée de main, dans l’espoir d’y récolter quelques pesos. Tout ce qu’on déteste …
Changement d’hôtel pour être plus près du quartier de la Recoleta. Nous y avons loué un très bel appartement façon Airbnb, qui semble se prénommer Apartamento en Recoleta.
Nous enchaînons avec le Cimetière de la Recoleta, un incontournable de notre visite à Buenos Aires. Assez différent du Père Lachaise, mais tout aussi paisible. Chaque nouvelle allée nous réserve son lot de surprises.
Partout des marbres impressionnants, des vitraux ça et la, des sculptures plus ou moins étonnantes, de vrais temples parfois. Les fenêtres sont assez souvent cassées, ce qui laisse la possibilité de poser ses yeux à l’intérieur, dans un élan de curiosité malsaine.
Je m’étonne de la popularité du prénom « Flia » qu’on retrouve à de nombreuses reprises sur les tombes … et il nous faut une bonne demi-heure pour réaliser que « Flia » est systématiquement suivi d’un point, l’abréviation de Familia en somme … bref, c’est sur échec et mat intellectuel que nous bougeons nos pions, et allons tenter d’oublier la fuite de nos cerveaux dans une petite supérette du coin, dans l’espoir d’y trouver un alcool local apparement très réputé : du Fernet.
Le Fernet-Branca est une boisson alcoolisée à base de plantes, avec un fort goût amer. Il est fabriqué en Italie, mais reste beaucoup consommé en Argentine et en Uruguay. La légende raconte qu’il faut en boire au moins 3 gorgées pour ne plus vouloir boire que cela.
Nous nous sommes arrêtés à 2.
Il ne faudrait tout de même pas être malade ce soir, car ce soir, nous avons réservé un restaurant qui s’annonce fabuleux : Aramburu, du nom de son chef. Non étoilé mais les commentaires dithyrambiques à son propos sont légion sur la toile.
C’est par le biais d’un menu comprenant 17 plats et 6 verres de vin que nous aurons l’occasion de vérifier ces dires.
Et en effet, nous sommes rapidement soufflés par la qualité et l’originalité des mets et des compositions proposées.
Seul point noir : le service. La femme qui nous accueille n’est pas particulièrement aimable, et nous avons le sentiment que nos 5 minutes de retard, ont pour fâcheuse conséquence de devoir avaler les premiers plats en vitesse, afin de rattraper les autres tables.
Aussitôt terminées, les assiettes (ou galets, ou os) sont remplacées par des nouvelles, et même s’il s’agit d’amuse bouches, on aimerait profiter plus sereinement de notre vue sur la cuisine (si vous y allez, réservez absolument une des trois tables qui donnent sur la cuisine, c’est magique).
Pour des photos plus « professionnelles » et plus vendeuses, je vous encourage vivement à visiter leur compte Instagram : Aramburu.
Cela restera un grand moment culinaire (cette huître, cette pièce de viande, ces desserts, ces vins …), mais sûrement pas une prestation de niveau étoilée, à cause de son service aléatoire.
Jour 18
En ce dernier jour complet à Buenos Aires, nous avons choisi de visiter le Musée National des Beaux Arts, attirés par les noms de Rodin, Manet, Goya, Renoir ou Gauguin.
Le musée s’avère assez étonnant, car d’une salle à l’autre, on passe en quelques pas de la peinture impressionniste européenne aux objets pré-colombiens des Andes, puis aux œuvres d’artistes argentins du 20e siècle.
Il s’agit d’un petit musée (compter 1h30 à 2h de visite), mais il recèle de très belles œuvres, et de belles découvertes comme les sculpteurs Barriàs ou Manes.
L’architecture à la sortie du musée nous réserve quelques surprises sympathiques :
Puis nous déjeunons à La Panera Rosa, qui me fait légèrement penser à un salon de thé Hello Kitty. A l’intérieur, ça sent bon le gâteau qui sort du four, et nous ne serons pas déçus des plats.
Vient enfin l’heure d’acheter les derniers souvenirs de ce beau voyage : retour dans le quartier de San Telmo pour aller chiner une calebasse et une bombilla pour préparer de bons matés à la maison. Cet article récapitule bien la place du maté et la façon dont on le consomme en Argentine : http://maba.blog/mate/
L’incontournable Dulce de Leche ainsi qu’une belle affiche rétro de La Boca complètent nos emplettes.
Afin de boucler la boucle, le dernier restaurant sera … une parilla, située non loin de notre appartement : El Estebe. Service impeccable, et morceaux de viande proprement ahurissants : « demi-portion » de Bife de Lomo pour Aurore, Colita de Cuadrio (aiguillette de rumsteck) pour moi. C’est très bon, copieux, et notre serveur nous demande si notre bouteille de vin est « pinchada » (comprendre « trouée »).
Pour vous aider dans vos choix de viande, ce site recense les différentes possibilités qui s’offrent à vous en Argentine (vous en aurez besoin) : https://www.latitud-argentina.
Le vin qui accompagne tout ça est également à recommander vivement : un Rutini Cabernet Malbec de 2016.
De quoi faire de beaux rêves …
Jour 19
Le dernier lever argentin est bien sûr plus pénible le lendemain matin, et nous nous rendons à l’aéroport de Buenos Aires tristes de quitter l’Amerique du Sud.
Affectés au Terminal C, la tristesse du terminal, la queue au Check-In et le service Air France (6 personnes aux comptoirs, 2 qui bossent, 4 qui discutent) finissent de m’achever (oui, je suis très sensible à l’aménagement des aéroports).
Mais, pour avoir une idée du désarroi dans lequel nous nous trouvons, un Big Mac et un Mac « Pocho » (le « ll » se transforme magiquement en « ch » en Argentine) nous consolent avant d’embarquer pour Paris, et clore ce très beau voyage.
Visiter Buenos Aires en 3 jours
Où manger à Buenos Aires ?
Délicieux et copieux, mais le service n’est pas à la hauteur de ce lieu pourtant chaleureux et original.
A la hauteur de restaurants étoilés côté cuisine, il serait dommage pour les bourses européennes de passer à côté. Il est systématiquement dans le top 50 des restaurants d’Amérique Latine.
Menu 17 plats + 6 verres de vin : 5 400 ARS / personne (environ 88€ quand on y était)
L’établissement à la réputation qu’il mérite : les glaces sont fondantes mais se tiennent bien, un régal.
L’endroit parfait pour faire une pause bienvenue après plusieurs heures de marche, ou simplement pour acheter son thé en toute simplicité dans un beau décor.
Une bonne adresse sans chichis pour les viandards et les amateurs de bon vin, à l’esprit familial.
Ceviche et pièces de poisson délicieux mais service peu sympathique.
Bel endroit pour se restaurer le midi. Le service est sympa, les pizzas sont bien épaisses et goûteuses.
2 parts de pizzas + 2 empanadas + 1 bière : 650 ARS.
Service symathique et bons petits plats.
2 plats + boissons : 850 ARS
La nourriture est bonne, mais un vrai attrape touristes.
Que faire à Buenos Aires ?
Paradoxalement, le cimetière a un charme envoûtant, et on se plaît à déambuler dans les allées, à la découverte de caveaux plus ou moins extravagants, mais dans une quiétude permanente.
Comme son nom ne l’indique pas, la visite de La Boca est payante (contrairement aux autres visites de cet organisme).
Guide compétent, intéressant et sympathique. Les autres tours de la ville, qui eux sont gratuits, sont également réputés.
Visite : 400 ARS / personne.
Un musée varié, qui offre de belles surprises.
Où dormir à Buenos Aires ?
Très bon accueil, l’appartement était disponible à 8h30 alors que le Check In n’était en théorie possible qu’à partie de 13h. Petit déjeuner bon et varié. Appartement propre et spacieux.
Très bel appartement, décoré avec goût. Malheureusement un peu bruyant, mais c’est bien la seule chose qu’on peut lui reprocher.
Etant donné son nom un peu générique, il se trouve au 1472, rue Azccuenaga, et se réserve – entre autres – sur Booking.com
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