Nouveau lever aux aurores, Yenny passe me chercher avec son chauffeur pour nous rendre ensemble à l’aéroport direction Raja Ampat. Depuis quelques années, il faut à peine deux heures pour relier Manado à Waisai, sur l’île de Waigeo, ce qui rend Raja Ampat beaucoup plus accessible au tourisme.

Raja Ampat (littéralement « les quatre rois ») est un archipel, situé en Papouasie Nouvelle Guinée, toujours en Indonésie (le pays est immense …). Sa biodiversité marine y est exceptionnelle, et de nombreux plongeurs viennent passer une semaine dans des resorts tout compris : hébergement, pension complète et plusieurs plongées par jour. Attention toutefois, les marées sont puissantes et le courant fort, du fait de sa situation entre l’océan Pacifique et l’océan Indien. Les spots de plongées sont nombreux donc mais plutôt réservés aux plongeurs expérimentés, ou en tout cas pas débutants (au moins 15 plongées au compteur).

A l’aéroport, les chauffeurs se montrent plus ou moins discrètement, en attendant que chaque touriste règle la taxe d’entrée du parc national de Raja Ampat, taxe qui sert à protéger l’ecosystème. Yenny débourse 500.000 IDR, pour les étrangers c’est 1.000.000 IDR (environ 64€). Somme non négligeable donc à prévoir dans votre budget.

 

Nous discutons tarif avec Awi, qui sera notre chauffeur et nous dégotera un scooter pour la durée du séjour. Yenny a réservé un hôtel de son côté, mais j’ai réservé 4 nuits au Kakatua Hostel, une auberge de jeunesse très moderne que je recommande vivement (personnel très sympa, douches chaudes, et chambre de 4 lits « seulement ») : http://www.kakatuahostel.com/stay

J’ai la surprise d’avoir la chambre pour moi étant le seul touriste en cette première journée. Juin ne constitue pas le mois idéal pour visiter Raja Ampat, et nous aurons de nombreuses occasions de voir la pluie tomber.

 

Le chauffeur est venu me déposer le scooter en face de l’auberge, et sous la pluie, je prends congé rapidement d’Awi. Quelques secondes supplémentaires me révèlent qu’il ne s’agit pas d’un scooter classique : celui-ci a des pédales spéciales, façon moto avec des vitesses à gérer … en temps normal, j’aurais tenté, mais il pleut et les routes sont un peu boueuses, alors je rappelle Awi pour lui demander poliment de changer le scooter.

J’hérite alors d’un scooter rouge au look assez cool, et en très bon état (2000 kms au compteur), une première en Indonésie. Nous décidons d’aller au Waiwo Dive Resort, assez réputé, pour nous renseigner sur le coût des plongées, et faire du snorkeling à défaut.

Les routes sont merveilleuses : en très bon état et entourées de végétation luxuriante. C’est un vrai bonheur de conduire sur ces routes assez peu fréquentées, et je m’en donne à coeur joie.

 

 

Arrivés sur place, nous voyons une photo du président du pays visitant le resort au-dessus du comptoir. Pour avoir discuté du président avec quelques locaux, ce dernier semble très apprécié, et son histoire d’homme du peuple accédant au pouvoir tout en gardant sa simplicité a donné beaucoup d’espoir dans ce pays rongé par la corruption.

Les récentes exécutions de condamnés à mort pour trafic de drogue suscitent plutôt l’indignation internationale et l’interrogation dans le pays : http://www.liberation.fr/planete/2016/07/28/la-derive-autoritaire-du-barack-indonesien_1469163

A la vue des tarifs des plongées, nous optons cette fois pour du masque/tuba. Après 2 heures de snorkeling, l’eau se trouble, je sens la pluie sur mon dos. Il faut alors chercher refuge, mais Yenny tient à faire un « selfie ». Cette dernière est équipée du matériel dernier cri : perche/trépied à selfie, télécommande à la main, je ne manque pas de me moquer d’elle copieusement, mais « cela fait des souvenirs » comme elle dit, et je suis bien content d’avoir les photos qu’elle a prises durant le séjour au final.

Nous profitons d’une éclaircie pour retourner dîner dans le centre ville, et dormir après une bonne journée fatigante.


Le lendemain, programme similaire. Nous cherchons le Raja Ampat Dive Resort, mal répertorié sur Google Maps apparemment. Nous allons au bout de la route, un enfant tout nu se balade, et nous demandons notre chemin à des locaux. La plupart des gens arrivent là bas en bateau, l’accès par la route est plus difficile. Il faut descendre dans la forêt un sentier durant 5/10 minutes, les cailloux glissent sous les tongs, mais nous parvenons entiers au resort.

Cette fois, nous réservons une plongée « débutant » (Yenny n’a pas son PADI) pour l’après-midi, et une fois le matériel essayé, je me fais une session snorkeling sous le soleil devant le resort.

Le moniteur Nico, un français du sud-ouest, nous parle anglais avec un accent … espagnol, très prononcé (il a appris l’anglais en Espagne). Il nous emmène à Mioskon, un spot assez adapté pour les débutants a priori. Sous l’eau, c’est une autre histoire, je découvre le drift diving (la plongée en « driftant », à savoir en se laissant porter par le courant). Yenny n’est pas à l’aise du tout et demande à remonter à la surface après 15 minutes. Je termine la plongée avec Nico, les fonds sont chouettes et je commence à avoir de bonnes sensations en plongée, mais il faut reconnaître que ce que j’ai vu le matin avec mon masque et tuba surpasse de loin ce que je verrai avec mon détendeur.

Escale ensuite à Friwen pour refaire du snorkeling et retour bien épuisés au Dive Resort.

Le soir, nous dînons dans un restaurant dont j’ai préféré oublier le nom. Au menu des brochettes d’agneau au satay :

Un restaurant classique à Raja Ampat

C’est pourtant bon parfois le satay …


Une grosse journée nous attend le lendemain, nous nous sommes greffés à une excursion sur un bateau privé pour rejoindre Piaynemo, connu pour ses roches karstiques caractéristiques et ses eaux vertes et turquoises.

L’île est assez loin, et il faut compter une heure et demie de bateau pour y parvenir. Nous attendons la bateau une bonne demi-heure, et comme nous sommes les premiers, il faut ensuite aller enregistrer le bateau auprès des autorités pour signaler notre départ, chercher une famille indonésienne dans un des resorts non loin sur l’ile, et aller chercher deux allemands sur Kri, une autre île sur le chemin.

Après une heure de bateau, cela commence à tanguer sévèrement, et nous sommes copieusement arrosés par les vagues à tour de rôle, ce qui suscite rires et moqueries sympathiques. Bien sûr, ce n’est qu’arrivés que je me rends compte que j’ai un K-way dans mon sac, et que j’aurais mieux fait de m’en servir. Mon T-shirt n’est pas vraiment utilisable en l’état.

Je grimpe les marches nous menant au fameux panorama, et sors Bruce (le drone) de sa pochette. La vue est magique, et j’ai très envie d’immortaliser ça façon reportage TV. Le vol va être compliqué, car la zone de décollage est assez peu étendue, et surtout la densité de population me fait peur. Je tente le coup, en demandant aux gens de garder une petite distance de sécurité, et parviens à le faire décoller sans encombres. Malheureusement, l’humidité finit par avoir raison de la caméra et de la buée se forme sur l’objectif dès que le moteur se met à chauffer. Les seules images non troubles que je parviendrai à obtenir sont celles-ci :

L’atterrissage me coûte en revanche un doigt … temporairement seulement. Perturbé par le vent, le drone ne garde pas une trajectoire verticale fixe et je dois l’arrêter avec les mains pour éviter un drame. Morale de l’histoire : toucher les pales d’un drone, ça fait mal, mais ça ne coupe pas les doigts.

 

 

Autre point de vue ensuite à Telaga Bintang (« lac aux étoiles » si on devait traduire). Il faut gravir une petite montagne assez escarpée, qui n’est pas sans me rappeler la matière qui m’avait coupé les la main à Langkawi (cf. article). Toujours équipé de tongs, ce n’est pas l’idéal. Arrivé en haut, nous pouvons distinguer en effet la forme d’une étoile dans la mer :

Indice : l’étoile est à gauche

Déjeuner sur l’île d’Arborek ensuite (il est déjà 16h), et à nouveau, je profite de notre pause pour essayer de capturer la beauté de ce que je vois. Car si ce que je vois en tant que terrien relève du sublime, avec ces eaux translucides et ces îles au loin, les prises de vue aériennes permettent d’apprécier à un plus haut niveau les paysages fabuleux de Raja Ampat :

 

Nous terminons l’excursion par du snorkeling à Yenbuba :

 

De nombreux enfants viennent voir les touristes qui s’arrêtent visiter le village :

Le ciel commence à faire la gueule

Il fait déjà presque nuit lorsque nous rentrons pour 3/4 d’heure de bateau, et la pluie se remet à tomber. N’ayant manifestement pas passé assez de temps dans l’eau, la pluie ne cessera que le lendemain. C’est donc sous le déluge que nous allons en scooter nous sustenter d’un joli poisson :

Une serveuse nous apporte un bol d’eau, ça tombe bien j’ai soif, mais après quelques minutes, je vois Yenny interloquée qui me dit que ce bol d’eau sert à se nettoyer les mains et qu’il s’agit probablement d’eau du robinet. Je me prépare psychologiquement à être malade la nuit suivante … mais il n’en sera rien, j’ai désormais un estomac en béton !

Ça ressemble à un verre d’eau non ? (Précision : c’est après le lavage de main)

Je quitte Yenny qui retourne à Manado le lendemain, et retourne à l’auberge où je fais la rencontre d’Iwan, un guide indonésien qui vient sur Raja Ampat pour une grosse excursion d’une vingtaine de personnes dans trois jours, et qui profite de l’occasion pour visiter.


Je me joins à lui pour aller sur l’île de Saonek, et ainsi économiser des coûts de bateau.

J’insiste : la photo a bien été prise à Raja Ampat …

Petit stop au préalable sur l’île de Saonek Monday, une petite île à l’eau turquoise. Des enfants jouent au foot, et des « adulescentes » me demandent de bien vouloir prendre une photo avec eux, ce qui les rend sincèrement heureux :

Faites le plein d’idées pour vos poses de selfies !

Iwan s’avère très sympa, et je squatte la journée dans sa guesthouse à Saonek ensuite. De toute façon, sur une île, on vit souvent à l’extérieur. La vue de la terrasse de sa guesthouse est vraiment fabuleuse, et j’enfile masque et tuba pour plonger en face. J’ai la surprise de tomber nez à nez avec un véritable mur de poissons, assez impressionnant :

 

Nous faisons ensuite le tour de l’île, qui a la particularité d’accueillir une belle mosquée bien colorée :

 

 

J’expérimente enfin une nouvelle fois le fameux courant de Raja Ampat, et me débats avec mes palmes pour rejoindre la surface, non sans avoir eu au préalable des coraux d’être formés sur les poteaux de la marina :

 

Retour en bâteau et je reprends le scooter pour une dernière épopée (un peu floue) magnifique :

 

Le soir, je rencontre Adit, un nouveau camarade de chambre en provenance de Jakarta, avec qui je passe la soirée. Le vin commence à sérieusement me manquer après 4 mois d’abstinence (ou presque), et nous partageons une bouteille du meilleur rouge de l’hostel … Rencontre vraiment intéressante, ce dernier me raconte qu’il travaille comme un damné (il est graphiste) et qu’il n’aspire qu’à une chose durant sa semaine de vacances : aller pêcher.

Le lendemain, j’entends une famille débarquer sur les coups de midi, à grands renforts de cris et de courses dans les couloirs. Je suis content de partir aujourd’hui …

Je croise deux adolescents dans les salles de bain communes, et l’un des deux me pose des questions en anglais. Je le vois pointer son téléphone vers ma direction, et lui demande s’il est en train de faire un Facebook Live (diffuser des images en direct) ce qu’il me confirme légèrement embarrassé. Bref, cela me fait plus marrer qu’autre chose, et j’apprends qu’ils passent leur semaine de vacances à Raja Ampat. Cette semaine marque la fin du ramadan, et de nombreuses familles en profitent pour passer du temps ensemble.

Un chauffeur vient me chercher à l’hostel pour me déposer à l’aéroport et je finis la journée à Manado, à déguster un succulent Tindarung, un poisson qui ressemble à du thon, avec du dabu-dabu, la sauce qui l’accompagne.